Conférence l’art Basque sous le franquisme : groupe GAUR

Jeudi 16 mars à 19h
Salle Jules Vallès 
Par Dominique Dupuis-Labbé

Le groupe Gaur

C’est l’histoire d’une fulgurance, d’un éphémère rassemblement d’artistes dont l’association et la prise de parole devaient donner l’impulsion d’un vaste mouvement collectif d’émancipation et
d’affirmation culturelle à l’échelle de toutes les provinces basques dans le contexte de la dictature franquiste. Imaginé en 1965, le groupe Gaur, « Aujourd’hui », présente sa première exposition collective au printemps 1966 à Saint-Sébastien, dans le sous-sol de l’agence du promoteur immobilier Dionisio Barandiaran, transformée pour les accueillir en « galerie d’art composite ».

Le groupe réunit huit artistes d’avant-garde, peintres et sculpteurs, travaillant en Guipuscoa(Amable Arias, Nestor Basterretxea, Eduardo Chillida, Remigio Mendiburu, Jorge Oteiza, Rafael
Ruiz Balerdi, José Antonio Sistiaga et Jose Luis Zumeta), dont deux, Chillida et Oteiza, bénéficient déjà d’une large reconnaissance sur la scène artistique internationale. Le manifeste qui accompagne cette fondation institue le principe d’une École Basque, qui devait être formée par la réunion d’artistes en collectifs dans chacune des provinces basques : Gaur en Guipuscoa, puis Emen (« Ici ») en Biscaye, Orain (« Maintenant ») en Alava et enfin Danok (« Tous ») en Navarre. Un projet de groupe Baita (« Aussi ») avait également été pensé pour les provinces basques du nord. Mais les choses ne se sont pas passées comme elles avaient été projetées. Après la mise en route des trois premiers groupes, l’exposition du collectif navarrais Danok, dont la présentation conjointe avec Gaur, Emen et Orain devait être le point d’orgue du lancement de l’École Basque, ne put jamais voir le jour, en raison de divergences inconciliables entre les artistes des différents groupes. Dès la fin de l’année 1966, l’idée d’une mobilisation collective des artistes basques au sein d’un mouvement commun à toutes les provinces s’avérait impossible à mettre en œuvre. Le groupe Gaur continua d’exister seul quelque temps encore, impliqué dans les activités diverses de la galerie Barandiaran jusqu’à sa fermeture en décembre 1967, puis en pointillé, à travers quelques expositions rassemblant certains des membres du groupe jusqu’en 1969.

* J. OTEIZA Ordenación de un espacio definido. Control hiperespacial 1957, fer (Mus. Basque)

 

Dominique Dupuis-Labbé
Conservateur au service de restauration des muses de France de 1989 à 1992, puis au musée de l’Orangerie de 1992 à 1995, puis au musée Picasso de 1995 à 2006, puis responsable de la mission informatisation, numérisation et bases de données au Service des musées de  France de 2006 à 2010 et, enfin, en tant que conservateur général du patrimoine, chef du bureau acquisitions, restauration, conservation préventrive et rechgerche au Servide des musées de France de 2010 à 2020. Elle est maintenant conservateur général honoraire du patrimoine.
Dominique Dupuis-Labbée a enseigné à l’Ecole du Louvre, à l’Institut catholique et à New York University in Paris. Elle a rédigié des articles et des livres dont La Révolution Picasso, Les Demoiselles d’Avignon en 2007 et Picasso et le cheval en 2010. Elle donne régulièrement des conférences à La Baule pour l’association L’Essence de l’Art.